Page:Anatole France - Histoire comique.djvu/279

Cette page n’a pas encore été corrigée


Alors vinrent les jours âpres et les heures ingrates. Comme elle n’osait plus entrer avec lui sous un toit, ils montaient en fiacre et, après avoir roulé longuement dans les banlieues, ils descendaient sur de mornes avenues, s’y enfonçaient sous l’âpre vent d’est, marchant à grands pas, comme flagellés par le souffle d’une invisible colère.

Une fois pourtant, le jour était si doux, qu’il les pénétra de sa douceur. Ils suivaient côte à côte les allées désertes du Bois. Les bourgeons, qui commençaient à se gonfler à la pointe des branches fines et noires, faisaient aux arbres, sous le ciel rose, des cimes violettes. A leur gauche, s’étendait la prairie semée de bouquets d’arbres nus, et l’on voyait les maisons d’Auteuil. Les lents coupés clos des vieillards passaient sur la route, et les nourrices poussaient des voitures d’enfants. Un auto traversa de son bourdonnement le silence du Bois.