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avez dit au chevalier d’Amberre, votre ennemi, quand il eut franchi cette grille. Vous me direz : « Vous êtes chez vous : commandez. »

Elle avait le don mystérieux de changer d’âme et de visage. Ligny était sous le charme du beau mensonge.

— Tu es étonnante !

— Écoute-moi, mon chat. J’aurai un grand bonnet de linon, avec des barbes qui me descendront en étages sur les joues. Parce que, tu sais, dans la pièce, je suis une jeune fille de la Révolution. Et il faut que je le fasse sentir. Il faut que j’aie la Révolution en moi, tu comprends ?

— Tu connais la Révolution ?

— Mais oui !… Je ne sais pas les dates, bien sûr. Mais j’ai le sentiment de l’époque. Pour moi, la révolution c’est d’avoir la poitrine fière sous un fichu croisé et les genoux bien libres dans une jupe rayée, et c’est d’avoir un petit feu aux pommettes. Voilà !