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Mais je raconterai votre aventure à Monseigneur. Elle lui prouvera que Lilith existe et que je ne rêve pas.

Je priai M. Safrac de m’écouter un moment encore :

— Leila, mon père, m’a laissé, en partant, une feuille de cyprès sur laquelle des caractères que je ne puis lire sont gravés à la pointe du style. Voici cette espèce d’amulette…

M. Safrac prit le léger copeau que je lui tendais, l’examina attentivement, puis :

— Ceci, dit-il, est écrit en langue persane de la belle époque et se traduit sans peine ainsi :


PRIÈRE DE LEILA, FILLE DE LILITH

Mon Dieu, promettez-moi la mort, afin que je goûte la vie. Mon Dieu, donnez-moi le remords, afin que je trouve le plaisir. Mon Dieu, faites-moi l’égale des filles d’Eve !