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— C’était plus sûr.

— Non ! Rien n’est plus sûr que la révélation intérieure. J’ai étudié aussi le musée égyptien du Louvre. Il est plein de choses ravissantes ! Des formes grêles et pures, des profils d’une finesse aiguë, des femmes qui ont l’air de fleurs, avec je ne sais quoi de raide et de souple à la fois ! Et un dieu Bès qui ressemble à Sarcey ! Mon Dieu ! que tout cela est joli !

— Mademoiselle, je ne sais pas bien encore…

— Ce n’est pas tout. Je suis allée entendre votre mémoire sur la toilette d’une femme du moyen empire et j’ai pris des notes. Il était un peu dur, votre mémoire ! Mais je l’ai pioché ferme. Avec tous ces documents j’ai composé un costume. Il n’est pas encore tout à fait bien. Je viens vous prier de me le corriger. Venez demain chez moi, cher monsieur. Faites cela pour l’amour de l’Égypte. C’est entendu. À demain ! Je vous quitte vite. Maman m’attend dans la voiture.

En prononçant ces derniers mots, elle s’était envolée ; je la suivis. Quand j’atteignis l’antichambre, elle était déjà au bas de l’escalier, d’où montait sa voix claire :