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« Tuez, disent-ils aux soldats, tuez ce vieux chien d’Étrurie qui a opprimé les braves Sabins ;

« Qui n’a eu de complaisances que pour les pâtres du Palatin, pour les marchands de bœufs de l’Aventin, pour les conducteurs de bêtes de somme du Cælius.

« Tuez-le, tuez-le bien vite ! que le glorieux Tarquin règne ! et, unis aux Étrusques, les Sabins écraseront les loups du Palatin, les bœufs de l’Aventin et les mulets du Cælius. »

Et les soldats de Tarquin égorgent le vieux roi du Cælius, l’ami des Latins, l’ami des plébéiens, et les Sabins du quartier sabin se réjouissent, et les patriciens du quartier patricien se réjouissent ; car ils le regardent comme leur ennemi ; ils sont bien aises qu’on l’ait tué dans leur quartier.

Cependant Tullie, la détestable Tullie, était dévorée d’impatience dans sa maison de l’Oppius ; car elle habitait, comme son père, un sommet de l’Esquilin, mais un autre sommet.

Le père et la fille ne pouvaient demeurer ensemble et respirer le même air. Servius n’avait pas voulu que le meurtre habitât dans sa maison.

Tullie monte sur son char et se rend à la curie ; elle monte les degrés où étaient quelques gouttes du sang de son père. Elle les foule aux pieds sans les voir ; elle les aurait vues qu’elle ne se serait pas arrêtée.

Elle entre dans la curie. La présence des hommes n’arrête point cette femme effrontée. En présence des