parut elle-même et fit le plus tendre accueil à la
marquise ainsi qu’à Virginia. Elle les invita à entrer
dans l’intérieur du monastère. Virginia
éprouva un saisissement involontaire lorsqu’elle
entendit le bruit des verrous, des barres de fer
qui retenaient cette porte de clôture, et lorsque
cette porte se referma sur elle. C’est pour jamais,
pensa-t-elle, pour jamais ! Les cloîtres qu’elle
traversait, ces voûtes sombres, sous lesquelles le
bruit de ses pas retentissait, l’apparition de plusieurs
religieuses qui se trouvaient sur sa route,
et qui, semblables à des oiseaux de mauvais augure,
disparaissaient aussitôt, tous ces objets nouveaux,
imposants, produisaient sur son âme une
impression profonde.
De retour dans l’appartement de l’abbesse, où l’on avait servi une riche collation, Virginia supplia la marquise, sa mère, d’obtenir pour elle une grâce qui pouvait la faire jouir de la seule consolation dont son âme était alors susceptible.
« Je désire, lui dit-elle, que madame l’abbesse me donne l’habit de novice sans m’assujettir au temps d’épreuve fixé par l’usage ; tout ce qui peut éloigner l’instant de mon sacrifice me paraît insupportable ; il me semble que je ne jouirai du