quelques armées, étaient restées dans l’oubli, ou,
par un consentement général, avaient été remplacées
par des dispositions plus douces. La peine attachée
au crime d’Agnès était cruelle, était barbare.
La loi était depuis longtemps tombée en désuétude.
Hélas ! elle existait encore, et la vindicative
abbesse voulut la faire revivre. Cette loi
ordonnait que la coupable fût plongée dans un cachot
secret, spécialement destiné à cacher éternellement
au monde la victime d’une superstitieuse
tyrannie. Dans cette triste demeure, elle
devait être en proie à une solitude perpétuelle et
crue morte de tous ceux que des liaisons de famille
ou d’amitié auraient pu engager à tâcher de la secourir.
Ainsi devait-elle languir le reste de ses
jours, sans autre nourriture que du pain et de
l’eau, sans autre consolation que la facilité de donner
un libre cours à ses larmes.
L’indignation élevée par ce récit fut si violente que pendant quelques moments elle interrompit la narration de la mère sainte Ursule. Lorsque l’agitation eut cessé et que le silence eut recommencé à régner dans l’auditoire, elle reprit son discours, pendant lequel, à chaque phrase, les terreurs de l’abbesse paraissaient augmenter.