qui était bien ou mal, et je m’abandonnai au délire
de mon imagination, qui vous cherchait dans
tous les êtres que je rencontrais, sans savoir que
c’était vous que j’aimais ; rappelez-vous, lorsque
je vous revis, après un mariage qui était encore le
fruit de vos criminelles intrigues, avec quelle tendre
et sincère amitié j’écoutai vos perfides conseils,
avec quel art vous fîtes servir les sentiments de
la nature à vos coupables projets ; et rendez-moi
la justice si, pendant les quatre ans que vous passâtes
à Paris, j’eus une pensée qui ne fût pas pour
vous. Avec quelle tendresse je reçus votre sœur !
Et vous n’avez pas oublié la profonde douleur que
j’éprouvai lors de votre départ ; si vous avez
douté de sa sincérité, pensez que c’est à mon heure
suprême que je vous le rappelle, et que je ne dissimule
point le tort que j’eus de croire que dans
votre absence je pouvais recevoir les hommages
d’un homme qui ne m’a que trop appris, par son
dédain, qu’il ne méritait pas l’amitié que j’avais
pour lui ; car, pour l’amour, je n’en ai jamais eu
que pour vous.
Vous aviez anéanti en moi tout principe, et en me laissant croire qu’on pouvait sans crime tromper un mari, je croyais que je pourrais faire une