mais Fontaine, qui, le soir, s’était aperçu que le
cardinal se doutait fort qu’ils n’étaient pas ce
qu’ils voulaient qu’on crût qu’ils étaient, crut sage
de partir au point du jour. Voilà donc Fontaine et
Joséphine en chemin pour se rendre au Havre ;
mais une roue de leur voiture vint à casser dans
l’avenue d’un château d’une assez belle apparence,
à quinze lieues de Rouen. On alla demander du
secours pour la petite personne, que la chute de la
voiture avait fait se frapper le front assez rudement.
Le maître du logis vint lui-même. En voyant
une jeune dame de la plus agréable figure, il lui
offrit de venir se reposer chez lui pendant qu’on
raccommoderait leur chaise. Fontaine accepta, et
bientôt on fut en pays connaissance. C’était monsieur
Moreau qui avait fait bâtir cette maison, et
le comte de Vernon, à qui cette maison appartenait,
avait vu sa fille plusieurs fois à Paris. Notre
chevalier d’industrie ne crut pas devoir nier que
c’était elle, et dit seulement qu’ils étaient mariés.
Le comte les engagea à passer quelques jours chez
lui et les combla d’amitiés. Joséphine se trouvait
très à son aise chez ce galant homme, qui était
veuf depuis plusieurs années, et n’avait chez lui
que sa sœur, beaucoup plus âgée que lui, qui n’é-
Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/193
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 44 —