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plifier ses devoirs, ses affaires et sa vie. Savoir être prêt, c’est savoir partir. — Il est étonnant combien nous sommes d’ordinaire enchevêtrés de mille et un empêchements et devoirs qui n’en sont pas, et qui nous empelotonnent néanmoins de leurs fils d’araignée et entravent le mouvement de nos ailes. C’est le désordre qui nous rend esclaves. Le désordre d’aujourd’hui escompte la liberté de demain.

L’encombrement nuit à toute aisance, et l’encombrement naît de l’ajournement. Savoir être prêt, c’est savoir finir. — Rien n’est fait que ce qui est achevé. Les choses que nous laissons traîner derrière nous se redresseront plus tard devant nous et embarrasseront notre chemin. Que chacun de nos jours règle ce qui le concerne, liquide ses affaires, respecte le jour qui le suivra, et alors nous serons toujours prêts. Savoir être prêt, c’est au fond savoir mourir.

LXXVIII. — THÈSE.

C’est par leurs erreurs que les doctrines se repoussent et par leurs vérités qu’elles s’attirent. Exemple : catholicisme et protestantisme.

LXXIX. — TOCQUEVILLE : DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE.

Ce livre capital donne à l’esprit beaucoup de calme, mais lui laisse un certain dégoût. On reconnaît la nécessité de ce qui arrive et l’inévitable repose ; mais on voit que l’ère de la médiocrité en toute chose commence, et le médiocre glace tout