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Les Agapes de Berne.

LES FEMMES.


Tous partis, nos époux, nos fiancés, nos frères !
Pour rester dignes d’eux et fières,
Nous n’avons gémi ni pleuré,
Mais notre cœur se fend. Ô dards ! ô couleuvrines !
Détournez-vous de leurs poitrines !
Reviens-nous, bataillon sacré !
Priez, Anges du ciel, Bienheureuse Marie,
Pour eux, pour nous, pour la patrie !
Miséréré ! miséréré !


*

La sombre cathédrale aux voussures gothiques,
Saint Vincent a laissé grands ouverts ses portiques.
Dans le parvis, le porche et les nefs, tout ce flot
Qu’un même penser pousse et tourmente, se presse.
Mais, courageux encor jusque dans sa détresse,
Ce peuple est calme ; à peine on entend un sanglot.
Entre les lourds piliers, et matrones et vierges,
Et près des blancs vieillards les enfants étonnés,