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L’ATELIER D’INGRES.

les noms ont brillé par la suite d’une façon plus ou moins éclatante, je ferai remarquer que, dans cette histoire d’un atelier, on ne trouvera ni ces plaisanteries, ni ces charges faites aux nouveaux, rien enfin de ce qui caractérisait les ateliers des autres professeurs ; c`est qu’en effet, habitué comme je l’étais au monde, j’avais reçu des le premier jour mes camarades en homme bien élevé, que le pli en fut pris très–vite, et que les gens distingués et plus âgés que nous qui arrivèrent ensuite ne firent qu’accentuer davantage le bon ton qui régnait à l’atelier.

Je dois même dire que c’est à peu près la seule chose dont M. Ingres m’ait absolument complimenté. Parlant un jour devant moi, à quelques personnes, de son atelier et de ses élèves : « C’est à Amaury, leur dit–il, que je dois d’avoir un atelier bien différent des autres… et je lui en ai toujours été reconnaissant, ajouta–t–il en me serrant la main. »

Ceci me remet en mémoire un mot qui nous amusa beaucoup à cette époque. Un de nos camarades, passant dans la cour de l’Institut, où notre atelier se trouvait alors, entendit un fragment de conversation entre deux élèves de M. Gros ; L’un disait à l’autre, en se tenant les côtes : « Tu ne sais pas, les Ingres !… quand ils arrivent le matin à l’atelier, ils se demandent de leurs nou-