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CHAPITRE VIII

Voies d’eau à la suite de gros temps ; on allège le navire ; insuffisance des pompes ; naufrage de l’Épervier, du Degrave, du vaisseau le Bourbon, de l’Union, de la Junon, de l’Hercule, de la Clio ; rupture d’une hélice ; le Silistria ; simple accident ; le Royal-George

Fréquemment des voies d’eau se déclarent sous l’action de la tempête, l’assaut de la vague disjoint les bordages — cela s’entend surtout des navires anciens ou appartenant aux nations maritimes qui ne suivent que de loin les progrès dans la construction navale — les coutures du bâtiment sont dégarnies de leurs étoupes. Bientôt, l’eau s’élève de plusieurs pieds au-dessus du lest ou de la cargaison. Alors, tandis qu’une partie de l’équipage se met aux pompes, l’autre partie cherche, tout le long de la membrure, par où l’eau entre avec le plus de force. Mais toutes les voies d’eau ne sont pas accessibles. La seule ressource effective est de vider l’eau à mesure qu’elle s’introduit : heureux l’on est si elle n’augmente pas, tandis qu’on cherche à l’épuiser. Quel travail que celui des pompes ! Tout le monde s’y met, sans distinction de rang et jusqu’à l’anéantissement des forces ; chacun peine là pour sa vie. L’eau qui remplit la cale, les ponts, coupe le chemin des vivres ; de sorte que ce rude labeur se fait dans les pires conditions.

On allège aussi le navire, en jetant par-dessus bord canons, marchandises et provisions ; parfois on coupe le mât d’artimon, sauf à se décider après à couper le grand mât. À mesure que le navire coule, les brèches s’élargissent et de nouveaux passages s’ouvrent à l’eau. La cale est pleine, le faux-pont envahi. Tout équilibre se trouve rompu.