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CHAPITRE III
le navire dans l’ouragan. le cyclone de l’Eylau ; signes précurseurs ; grains succesifs ; fréquence et violence des rafales ; le vent, la mer, la pluie se confondent en un seul élément ; la mâture est abattue ; « l’œil de la tempête » ; feux saint-elme ; passage d’un météore ; voie d’eau : le vaisseau va couler. cyclones de l’Amazone, de l’Atalante, de l’Héligoland.

Ces ravages effrayants occasionnés par les cyclones, trombes et typhons dans des rades, sur le littoral des côtes, au milieu de villes maritimes, peuvent donner une idée des émotions qui attendent le marin en pleine mer sous la menace de semblables ouragans et quand c’est la nuit !

Qu’on se figure cette nuit profonde, avec une atmosphère lourde, qu’aucun souffle d’air ne traverse… Un morne silence n’est interrompu que par les craquements du navire, dont toutes les voiles sont carguées, — c’est-à-dire qu’elles sont relevées, troussées de façon à donner le moins de prise possible au vent : car tout annonce une tempête. Le navire est tourmenté par une houle énorme et phosphorescente.

Tout à coup, l’espace s’embrase de toutes parts, sillonné par des éclairs, dont la vive lumière rend plus affreuse l’obscurité qui les suit ; puis éclatent avec fracas les coups répétés de la foudre ; ils se prolongent au loin ; c’est à faire croire à une conflagration universelle. Pour témoins de cette épouvantable perturbation des éléments, et pour victimes assurées, semble-t-il, une poignée d’hommes cramponnés à la planche qui les sépare de l’abîme, aveuglés par l’éclair, assourdis par le tonnerre, et pourtant impassibles et confiants dans l’habileté du chef dont la voix s’élève de temps en temps calme et solennelle.

Tout cela n’est encore que le prélude de ce qui se prépare. De larges