Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XI

naufrage au port ; la goélette la Doris, le vaisseau le Saint-Géran ; l’héroïne de bernardin de saint pierre ; le steamer Francis-Depau manquant l’entrée du Havre.

Le naufrage le plus affligeant, peut-être, celui qui excite le plus d’émotion et de regrets, c’est le naufrage en vue du port. On n’oubliera de longtemps la perte, dans ces conditions, de la goélette de l’État, la Doris, qui, après une longue et laborieuse station dans les mers des Antilles, ralliait le port de Brest pour y être réparée, sous le commandement d’un jeune officier de marine très distingué, M. Jules Lemoine, lieutenant de vaisseau.

La traversée avait été pénible, mais la vue de cette terre de France, si ardemment souhaitée, avait bientôt rappelé la confiance et la joie dans le cœur de l’équipage, épuisé par une longue navigation et par les périls auxquels il avait échappé à la hauteur des Açores, où, durant plusieurs jours, il avait été assailli par de violentes tempêtes. Tout cela n’était plus qu’un songe : quelques minutes encore, et la Doris mouillait sur rade !

La goélette avait franchi toutes les passes du goulet ; elle courait grand large, mais elle refoulait avec peine, sous toutes voiles, un très fort jusant ; on se disposait à laisser tomber l’ancre. On était au 19 septembre 1845, sept heures et demie du soir… Tout à coup, survient une bourrasque d’ouest-sud-ouest, accompagnée d’un grain violent. Pris en travers par la rafale, le navire cède à la force du vent, et, se couchant sur bâbord, ouvre un large passage aux lames par les panneaux : quelques secondes après, on ne pouvait apercevoir de la Doris que l’extrémité de ses mâts : elle avait sombré par l’arrière. Sur