« Chaque peuple a son temple ou sa colline sainte
Où, près de ses héros, dorment mes preux enfants…
Toute place où l’on meurt de leur sang reste teinte :
Chaque ville conquise a conservé l’empreinte
De leurs pas triomphants !
« O mes guerriers vaillants ! quand sous les coups je tombe,
Dormirez-vous encor ?… Du sinistre étranger,
Sur mon sol dépouillé, passe l’horrible trombe…
Ah ! Seigneur, laissez-moi réclamer à la tombe
Mes fils pour me venger ! »
En songeant à l’exil de ses chers endormis…
… Et le vent des grands monts qui frissonne à cette heure,
D’un souffle fait ployer le gazon qu’il effleure
Sur tous ces fronts blêmis…
Pourtant, vers l’horizon, la cité milanaise,
Orgueilleuse et superbe en sa prospérité,
Chante, rit et bourdonne, effroyable fournaise,
Où s’agite, s’émeut, crie, éclate ou s’apaise
Un peuple en liberté.
Mais ici plus de bruits, plus de chants, plus de fêtes…
Plus de ces chauds élans que ton âme enfanta !
L’oubli, le sombre oubli payera tes conquêtes,
Ô France car toi seule en soupirant répètes
Le nom de Magenta !