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Vois ! le soir gris brunit les eaux…
« Pour bercer les petits oiseaux,
Jette en l’azur ta note ailée !

« De chaud duvet environnés,
Dans les nids, tous les nouveau-nés
Agitent leur aile frileuse ;
Pour qu’ils dorment toute la nuit,
Toi qui d’amour sais le déduit,
Rossignol, chante une berceuse !

« — Frère, répond le musicien,
Pour toi, poète, je veux bien
Chanter l’amour sous la ramée :
Je te dirai, mais sois discret,
Frère, — c’est un si grand secret ! —
Où demeure ma bien aimée…

« Je te dirai tout bas, tout bas,
Pour qu’un merle n’entende pas,
Où notre petit nid repose ;
Car, poète, il faut y songer,
Vite il nous faudrait déloger
Si le bavard savait la chose !… »