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VIENS !



Viens, aime, oublions le monde,
Mêlons l’âme à l’âme, et vois
Monter la lune profonde
Entre les branches des bois !

V. H.


Viens ! c’est l’heure où, pensif, l’amant ou le poète
Va chercher à l’écart quelque douce retraite ;
Où, seul avec son rêve, il oublie un instant
Le bruit tumultueux de la foule et du monde,
Suivant d’un œil distrait, la course vagabonde
            D’un nuage flottant…

C’est l’heure où, d’un rayon qui doucement le frôle,
Dans les vallons ombreux, s’argente le vieux saule ;
Où, sur le lac qui dort, d’indécises lueurs
Passent en tremblotant sur la vague et l’écume,
Laissant, dans le lointain, se mêler à la brume
            D’idéales vapeurs…