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LA FIN DE LA JOURNÉE


I.


La rue étroite et sombre a perdu son bruit sourd,
Le marteau cesse enfin de tourmenter l’enclume ;
Dans la cour de l’auberge, où la vitre s’allume,
On entend des chevaux le pas sonore et lourd.

L’ouvrier, les bras las, s’en revient au faubourg ;
Sur son seuil, un enfant qu’à rire il accoutume,
Lui dit : « Père, entre et vois notre soupe qui fume ! »
Un autre marmot blond, en trébuchant, accourt ;

Et la mère joyeuse, avec sa mine accorte,
S’empresse d’attiser dans son étroit foyer
La flamme que le vent fait parfois ondoyer.

Alors, l’ange béni qui veille à chaque porte,
Sur tous ces fronts heureux jetant un doux regard,
Dit : « Mon Dieu, de ton Ciel j’ai conservé ma part ! »