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VII.


Comme les morts sont bien couchés sous l’herbe épaisse !
Alors que les parfums des hauts gazons fleuris
Montent vers les cyprès qu’un vent du soir caresse,
Comme les morts sont bien sous leurs sombres abris !

Quand des peupliers verts dont la cime s’abaisse
Passe sur les tombeaux le murmure incompris,
Lorsque, dans sa pitié, la lune triste laisse
Ses rayons se jouer sur les vieux marbres gris…

Oh ! que les morts sont bien et qu’il est dur de vivre !
Qu’il est dur, en quittant le calme et saint enclos,
De rentrer, épuisé, dans l’infernal champ-clos

Où la douleur féroce et qui de pleurs s’enivre,
Ainsi qu’un champion que rien ne peut lasser,
S’acharne sur le cœur qu’elle veut terrasser !