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C’est vrai, mon Dieu, c’est vrai : ces âmes que tu brises,
Jadis, tu les voyais, aimantes et soumises,
            S’incliner sur ton seuil ;
Et, pendant de longs jours, sans vaincre leur constance,
La douleur, comme un flot qui toujours recommence,
Leur prenait une joie et leur laissait un deuil !…

Et quand, le front meurtri, terrassé par l’épreuve.
Ces vaillants retrouvaient une espérance neuve
            Pour grandir leur vertu,
Te laissas-tu fléchir ?… Te montras-tu leur père ?…
Non non ! Pourtant, mon Dieu, malgré leur sort sévère,
C’était le bon combat qu’ils avaient combattu !

Sans cesser de souffrir et sans cesser d’attendre,
Ils disaient : « Nous servons un maître juste et tendre,
            « Nous sommes dans sa main !…
« Il nous voit, il nous suit, il connaît notre peine… »
Ils disaient tout cela : — mais l’espérance humaine,
Hélas ! nous le savons, n’a pas de lendemain.

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Qui donc es-tu, Seigneur, puisque rien ne te touche !
Créateur oublieux, ou bien maître farouche…
            Protecteur impuissant ?…