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CRIS DANS L’OMBRE



I


Que m’importe, ô soleil, ton éternel sourire !
Que me fait de l’azur l’insolente clarté,
Du nid dans le buisson l’amoureux aparté
Ou l’indolent soupir qu’exhale le zéphire !

Quand la lèvre flétrie, oublieuse du rire,
De ton fiel, ô douleur, a senti l’âpreté,
Les larmes sont alors la seule volupté
Qui soit douce à ce cœur que ton ongle déchire.

Pourquoi donc étaler tes fleurs et les parfums,
Nature ? Pourquoi donc ces réveils importuns ?
Et pourquoi de l’amour les promesses hâtives,

Puisque pour contenter l’inflexible destin,
Trop souvent, l’on n’entend à ton riche festin
Que le bruit des sanglots de tes mornes convives ?