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Là vous retrouverez le souffle qui caresse,
Comme un baiser d’amant, les fleurs du Saraï,
La mer bleue où la vague, en sa douce paresse,
          Chante et roule sans cesse
Un rayon de soleil en son fantasque pli.

Vous aurez, pour dormir, la chanson des tsiganes
Et, pour vous éveiller, le cri des muezins ;
Pour abri, le kiosque où rêvent les sultanes
          Et l’ombre des platanes
Où se couchent, lassés, les chameaux abyssins…

… Et nous n’entendrons plus votre voix si sonore,
Lorsque l’aube sourit au travers de l’auvent…
Les jours gris de l’hiver, qu’un lent ennui dévore,
          Seront plus lourds encore
Sans les bavards propos que vous jetiez au vent !

Mais le givre a blanchi le bord de la fenêtre ;
La bise a défeuillé les rameaux des tilleuls ;
Au bois, où l’aquilon s’en va gronder en maître,
          Combien de nids, peut-être,
Où s’abritait l’amour, demain vont rester seuls !…

Partez, oiseaux, partez ! voici venir la neige ;
Notre azur est, hélas ! assombri pour longtemps ;
L’arbre chauve se tord sous le vent qui l’assiége,
          Et chaque jour abrége
D’un soleil attiédi les retours inconstants.