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— Adieu, dit le pigeon rapide,
Je vais passer les grandes mers
Pour trouver un ciel plus limpide,
Des fruits dorés, des arbres verts !

— Adieu, répète l’hirondelle,
Là-bas j’aurai de plus beaux jours ;
Il faut du soleil à mon aile,
De chauds abris pour mes amours !… —

Ainsi le vent murmure et pleure,
Sous nos pauvres toits désolés,
Les adieux qu’envoient à chaque heure
Nos joyeux hôtes envolés !… —

Seul, le laboureur, la main pleine,
Dans le sillon, sitôt comblé,
Fait germer l’espérance humaine
En semant le grain de son blé !

Il semble sur ce front rustique,
Mouillé de pluie et de sueur,
Que Dieu fait d’une aube mystique
Planer la sereine lueur !

Grave et pensif, il va sans crainte,
Pontife humble et laborieux,
Recommencer cette œuvre sainte
De l’avenir mystérieux !… —