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À LA DÉRIVE.


J’ai vu s’enfuir ma riante jeunesse
Comme un parfum s’envole d’une fleur !…
Rien envers moi n’a tenu sa promesse !
J’ai tant de fois savouré ma tristesse,
Que je n’ai plus un autre amour au cœur !…

J’ai vu tomber ma couronne de fête ;
J’ai vu mon ciel pour toujours s’assombrir ;
Sous l’ouragan, j’ai tant courbé la tête,
J’ai tant lutté contre l’âpre tempête,
Que je voudrais ne plus me souvenir !

Comme un débris qu’un vent d’orage emporte,
Vers l’inconnu, je vais sans me lasser ;
Joie ou douleur, désormais, que m’importe !…
J’ai tant pleuré mon espérance morte,
Que je n’ai plus une larme à verser !…