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Et nous voilà trottant à travers la broussaille,
Déchirant, malgré nous, nos deux chapeaux de paille,
Sautant tous les fossés d’un pas leste et joyeux
Et broyant les épis qui nous frappaient les yeux…
Enfin nous arrivons !… Oh ! pour nous quelle fête !
Comme nous serions fiers de notre humble conquête !
Pourtant l’arbre est bien haut !… et pour les acquérir
Que de sueurs, d’efforts, de dangers à courir !
Mais comment résister, quand au milieu des branches,
Nos yeux voyaient le nid tout plein de plumes blanches ?…
L’espoir faisait bondir nos petits cœurs d’enfants !
« Quand ils seront à nous, que nous serons contents ! »
Disions-nous transportés. Afin d’être plus leste,
Joseph avait quitté ses souliers et sa veste.
Il grimpa, — mais pour moi ne sachant faire mieux,
Je lui criais : courage ! en le suivant des yeux…

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Une semaine après, les pinsons dans leur cage

Egayaient la maison par leur gentil ramage ;
Mais Joseph avait fait trente vers en latin
Pour avoir déchiré son gilet de satin.