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UNE HEURE DANS LE PASSÉ


J’étais seule hier soir au coin de mon foyer,
Regardant tristement la branche de noyer
Qui dans l’âtre, en fumant, lentement se consume…
Je rêvais… — j’en conviens, — c’est souvent ma coutume ;
Un peu de rêverie est parfois le seul bien
Du pauvre cœur brisé qui n’espère plus rien !…
Evoquant du passé les heures fortunées,
Je remontais le cours de mes jeunes années :
Par moment, je voyais le regard triste et doux
De ma mère disant la prière à genoux ;
Me faisant répéter, après elle à voix haute,
Le Pater et l’Ave que je savais sans faute.
Puis, la scène changeant au gré de mon esprit,
Je redisais les vers que mon père m’apprit
Pour fêter grand maman le jour de Sainte-Rose.
Réciter trente vers ce n’est pas peu de chose,