Page:Amélie Gex - Poésies - 1879.pdf/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151


Parfois comme un grand tourbillon,
Passe un riche en chaise de poste ;
Au bruit que fait le postillon,
Et clic et clac, moi je riposte ;
J’y prends un plaisir singulier,
Pauvre roulier !

À chaque ville, à chaque bourg,
J’entre en jurant comme un vieux moine ;
Et clic et clac, vite on accourt :
« Du vin, du bouillon, de l’avoine,
Dis-je, en entrant chez l’hôtelier,
« C’est le roulier ! »

Monsieur, voici… Monsieur, voilà…
On me sert comme un connétable.
Nous sommes dix ; on fait gala ;
À minuit, je quitte la table
Pour dormir près du ratelier,
Pauvre roulier !

À l’aube blanche, il faut partir :
« Coco, Grisette, allons, courage ! »
Car il nous faudra, sans mentir,
Pendant nos vingt jours de voyage,
Donner de bons coups de collier,
Pauvre roulier !