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L’AVRIL DES TOMBES

AU CIMETIÈRE DE ***


À l’ombre du clocher dont les pierres jaunies
Portent le sceau moussu de nos siècles passés,
Sous les rameaux tombants des sureaux enlacés,
Tremblent, au vent du soir, les vieilles croix bénies.

Quand la cloche, à l’azur, jette ses harmonies,
Que les saules pleureurs, mollement balancés,
Se penchent sur des noms aux trois quarts effacés,
Les morts causent tout bas, durant leurs insomnies…

Sur eux, tout est parfum ; près d’eux, tout est babil :
L’oiseau, l’enfant, l’abeille et le couple qui passe,
L’ouvrier qui chantonne, aiguisant son outil,

Tout leur parle d’amour, de soleil et d’espace !
Tout rend aux morts contents la mémoire vivace
Des rêves oubliés de leur dernier avril !