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LA RUINE AIMÉE.



Un vieux toit qui s’effondre, un mur qui se lézarde,
Une porte par où le vent froid s’introduit,
Un grand vitrail brisé qui ressemble, la nuit,
À l’œil fixe et béant d’un mort qui vous regarde,

Voilà le souvenir que dans mon cœur je garde,
Le coin d’ombre où, parfois, un peu d’azur reluit,
L’épave d’un passé que le temps a détruit,
Rêve qui, tour-à-lour, me charme et me poignarde !…

Pauvre seuil que la mousse, en croissant, a caché !
Foyer dont un feu clair n’échauffe plus la cendre,
Pourquoi me gardez-vous par l’amour attaché ?…

— C’est qu’en songeant à vous sans pouvoir m’en défendre,
Il me semble revoir le reflet pur et tendre
Des soleils d’autrefois sur ce seuil ébréché !