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SONNET.



Quand le flot, soulevé par l’effort de la houle,
S’agite, gronde et va, dans ses bonds convulsifs,
Inexorablement, vers les sombres récifs
Où sa masse brisée, en gémissant, s’écroule ;

Ne vous semble-t-il pas, à vous, les cœurs pensifs,
Voir passer des mortels la blême et triste foule
Que l’âpre mort poursuit vers la tombe, et qui roule,
Pêle-mêle, étouffant ses murmures plaintifs ?…

— La tempête et la mort quelquefois font silence ! —
Sur la mer apaisée, une barque s’élance,
Joyeuse, en oubliant la colère des flots ;

Ainsi l’homme après l’homme, au banquet de la vie
Un instant vient s’asseoir, et Dieu qui le convie
Cache à l’enfant rieur nos pleurs et nos sanglots !