Page:Amélie Gex - Poésies - 1879.pdf/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116

SONNET.



Plus tard vous le saurez ce mot qu’on veut vous taire,
Jeanne, quand d’inconnu votre cœur s’emplira ;
Quand, ainsi qu’une fleur, votre âme s’ouvrira
Au souffle printanier qui nous vient de Cythère ;

Quand vous irez au bois, pensive et solitaire,
À l’heure où la fauvette en son nid dormira,
Jeanne, le rossignol alors vous le dira
Ce secret qui pour vous est encore un mystère…

Mais ce qu’oiseau ne sait, ce qu’ignore la fleur,
Ce que ne dira point l’étoile radieuse
Quand son rayon luira sur votre front rêveur,

C’est que ce mot si doux, chère enfant curieuse,
Plus tard assombrira votre bouche rieuse,
Car il est frère aîné de l’humaine douleur !…