Page:Amélie Gex - Poésies - 1879.pdf/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115

ALLÉGORIE.



Un ruisseau serpentait, gracieux et limpide,
Sur les flancs d’un coteau dans les vergers fleuris.
Un torrent, près de là, bondissait intrépide
Emiettant sous son poids d’énormes rochers gris.

Le ruisselet pensif le regardait timide :
— Je voudrais, disait-il, en quittant mes abris,
Comme ce fier torrent, mugissant et rapide,
Rouler seul et vainqueur, entraînant leurs débris ! —

L’hiver la neige vint. Sortant de son domaine,
Notre ruisseau, grossi de ses flots courroucés,
Creuse, en courant, son lit dans les larges fossés,

Se disant : — À mon tour, je suis roi de la plaine ! —
Hélas ! Après deux jours d’impétueux élan,
L’ambitieux, surpris, rencontra l’Océan !