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À VICTOR HUGO

ODE.

Il marché, car il sait où son œuvre le mène.


Maître, Jésus disait : « Heureux celui qui donne,
Bienheureuse la main qui s’entr’ouvre en mon nom !
« L’aumône est une fleur que mon Père moissonne,
« Qu’au ciel il paiera d’amour et de pardon. »

Que te réserve-t-il pour le bien que tu sèmes,
Poète dont le cœur s’émiette pour chacun !
Qui fit naître un sourire où grondaient les blasphèmes,
Dont les pleurs, en tombant, se changent en parfum…

Quelle part te donner à toi, l’esprit sublime,
L’âme qui fut l’écho de chaque vérité,
Le champion du droit ou la fière victime,
Inflexible et superbe en ta sérénité !

Cette part ce n’est point l’éphémère couronne
Que la gloire attacha sur ton front rayonnant,
Hochet futile et vain dont l’éclat monotone
Pour toi, grave penseur, n’a plus rien d’attrayant !…