Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
AMÉLIE

m’éprouver, jouissait de mon embarras et y lisait mes sentiments. Enfin, plein de joie et d’impatience de s’expliquer sans contrainte, il me tend les bras.

— Viens, me dit-il, en voyant que je me précipitais dans les siens ; viens, mon ami, nos cœurs s’entendent, puisque tu m’as deviné : viens, tu seras bon époux, et si tu trouves ton bonheur dans celui que j’espère, rien ne manquera à ma félicité.

Je n’eus pas la force de répondre à cette marque touchante de son amitié. Une douce émotion de plaisir se fit sentir dans tout mon corps : quelques larmes d’attendrissement, ce doux langage du cœur, plus expressives que l’éloquence, vinrent seules attester ma sensibilité.

Il avait sans doute sondé les dispositions de sa fille à mon égard avant de me parler de ses projets, et il lui avait aussi fait part de l’explication que nous avions eue ensemble, car, quelques jours après, je remarquai, avec grand plaisir, que Cécile qui, auparavant, était avec moi d’une réserve excessive, devenait insensiblement plus confiante et plus attentive. Je redoublai donc de soins, de prévenances, et bientôt l’aveu de sa tendresse, qu’elle pouvait faire éclater sans crainte, vint ajouter une douceur de plus à celles sans nombre que son père ne cessait de répandre sur les jours brillants qui se levaient pour nous.