Page:Amélie, ou Les Écarts de ma jeunesse, 1882.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
231
AMÉLIE

complice d’un vol considérable, fait chez un banquier de la ville. Par bonheur, il ne se trouva rien de suspect ; on me laissa chez moi, sous la condition que je me représenterais, si ma présence devenait nécessaire dans le cours du procès.

Cet assaut fut si terrible pour moi, qu’il me réduisit presque au désespoir ; cependant, par réflexion, je ne jugeai pas à propos d’attendre l’effet d’une procédure qui pouvait me devenir fatale, quoique je fusse bien persuadée de mon innocence. Le hasard seul m’avait attachée à Ferdinand, dont rien ne m’obligeait de suivre la destinée : je me décidai donc à fuir une ville où je ne me croyais plus en sûreté, et, profitant du moment où l’hôtesse, étourdie de la scène qui venait de se passer chez elle, était entrée avec plusieurs personnes dans la salle à manger pour les consulter, sans doute, sur ce qu’elle devait faire à mon égard, je descendis promptement, sans être vue de personne, et je sortis de la ville, avant qu’on puisse soupçonner que j’en formais le dessein.

Sans argent, sans connaissances dans un pays étranger, mille autres à ma place auraient été fort embarrassées, et ne se seraient pas si aisément décidées au parti violent que j’avais pris : mais je commençais à être un peu aguerrie ; j’avais d’ailleurs tant de frayeurs de me trouver compromise dans l’affaire de Ferdinand, que je