vous y destine ; ne m’interrogez donc plus, je vous en supplie, car je suis dans la dure nécessité de vous refuser tout éclaircissement sur ce sujet.
Je me remis de nouveau à pleurer, mais plus amèrement.
— Quel est donc, me dis-je à moi-même, en me jetant dans un fauteuil, quel est donc ce mystère impénétrable ? à quel dessein m’a-t-on arrachée de la maison de mon oncle, et des bras de mon amant ? ô perfidie ! d’où vient cette différence effrayante entre les hommes ? pourquoi les uns sont-ils si cruels et les autres si bons ? Ô mon cher Georges ! qu’es-tu devenu ? toi, la douceur même ! toi, mon souverain bien ! Ces monstres ne t’ont-ils éloigné du bonheur que pour t’arracher la vie ? Ah ! s’il en est ainsi, qu’ils achèvent leur crime, et que je périsse ; je ne pourrai vivre, je le sens bien, séparée de celui qui m’est plus cher que le jour.
Je réfléchissais encore aux suites épouvantables de cet événement, lorsque j’entendis du bruit à la porte de la chambre.
— Ô ciel ! dis-je à ma trop discrète compagne, que vient-on m’annoncer, et que vais-je devenir ?…
Un homme inconnu se présente, et d’un ton ironique, bien cruel, bien molestant dans mon malheur :
— Eh bien ! la belle, me dit-il, en me passant