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AMÉLIE

sée, l’ouvrit ; et, à un signal qu’il donna, trois femmes entrèrent et se précipitèrent sur moi. Deux d’entre elles étaient armées d’une poignée de verges ; la troisième, qui me parut être madame Verneuil, ordonna au traître qui m’avait livrée à leurs fureurs, de me tenir les mains, et elle me les lia avec un ruban. J’eus beau me récrier contre cette violence et faire retentir tout l’hôtel de mes cris, il me fallut endurer le supplice que ces dames avaient préparé pour moi. Le laquais me prit par le milieu du corps pour me contenir ; les deux femmes armées se placèrent à mes côtés ; puis, relevant mes jupons d’une main, de l’autre, elles me fustigèrent sans miséricorde pendant près d’un quart d’heure. Quant à madame Verneuil, qui voulait jouir à son aise du fruit de sa vengeance, elle s’était assise dans un fauteuil, en face de nous, et riait aux éclats en voyant les efforts inutiles que je faisais pour me débarrasser des mains de mes assaillants.

Cependant le sang ruisselait de mes fesses, et les douleurs devenaient si aiguës, que peu s’en fallait que je ne me trouvasse mal. Madame Verneuil vint à moi, et s’apercevant que la pâleur avait remplacé sur mon visage le pourpre qu’un instant auparavant la rage impuissante y avait répandu, ordonna à mes bourreaux de cesser la correction. On obéit : mais, remise en liberté, il me fut impossible de me tenir debout