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de ce qu’ils contiennent positivement, ont dû contribuer à former, à développer l’esprit humain, en l’élevant de la sphère sensible, sinon au monde surnaturel, du moins à la sphère des choses invisibles. Plus cette culture de l’esprit se répandait, plus on se moquait des mythes, dont les formes étaient souvent si ridicules dans la religion populaire. De là les accusations fréquentes portées contre les philosophes grecs et romains, qui payèrent leur incrédulité de leur vie. Cette incrédulité devint peu à peu générale ; un vide immense se fit sentir dans les esprits, une désolation indicible dans les cœurs ; et telle était la situation morale de l’empire romain à la naissance de Jésus-Christ. Dans leur désespoir les païens semblaient, pour se sauver, saisir convulsivement, comme planche de salut, tous les cultes étrangers ; ils se faisaient initier aux mystères, pour calmer ou étouffer les angoisses de leur conscience. Les poëtes romains avaient beau s’en moquer dans leurs satires, ils ne calmaient point le trouble des âmes ; les philosophes pouvaient bien tout détruire, ils ne parvenaient à rien édifier. Dans ce besoin universel naquirent une multitude de prophéties sur un Sauveur, qui de l’Orient se répandirent dans l’Occident. On se pressait de toutes parts vers ce Sauveur attendu, comme le prouvent les oracles qui l’annonçaient et l’appelaient avec ardeur.

Le vieux monde païen s’est donc développé, sous le rapport religieux, par l’action : 1o des restes obscurcis de la révélation conservés parmi les peuples ; 2o du Verbe éternel[1] qui veille sur le développement religieux du genre humain, qui l’excite et le soutient ; 3o du peuple juif, dépositaire de la révélation divine qu’il communiquait aux païens ; 4o de l’esprit humain, déchu de Dieu, et s’efforçant de sortir du vide affreux où il tombe quand il est abandonné a lui-même.

  1. Jean I, 4, 5, 9, 10 ; Apoc. XIII, 8. A primordio omnem ordinem divinæ dispositionis per Filium decucurisse. Tertullian. adv. Prax. c. 16.