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favorable. Pour donner à l’œuvre de Luther et de ses partisans un fondement historique, Mathias Flacius[1], d’Illyrie, prédicateur à Magdebourg, entreprit, en société avec plusieurs savants protestants, un vaste travail embrassant, siècle par siècle, l’histoire de l’Église, et de là le nom qu’on leur donna de Centuriateurs. Il y eut dans leur travail de la sagacité et de l’ensemble, mais en même temps une partialité et un arbitraire sans exemple ; ce qui ne l’empêcha pas de passer longtemps pour une œuvre parfaite et incomparable. Le théologien Luc Osiander, pour le répandre davantage, en fit un résumé et une continuation jusqu’au XVe siècle[2]. Ce travail des centuriateurs devait nécessairement exciter une grande sensation dans l’Église catholique.

Le plus vigoureux adversaire des centuriateurs fut César Baronius († 1607), de l’Oratoire de Rome, et plus tard cardinal. Son ouvrage, fruit de trente années d’un travail non interrompu, est remarquable surtout par la richesse des sources inconnues jusqu’alors qu’il cite, et quelquefois par la sagacité de la réfutation. Il fut continué jusqu’en 1564 par le Dominicain polonais Abraham Bzovius, de Cracovie († 1637) ; jusqu’en 1640 par Spondanus, évêque de Pamiers (1643) ; jusqu’en 1566 par Orderic Raynald, Oratorien, qui, seul, se tint à la hauteur de son modèle ; enfin, un autre oratorien,. Jacques de Laderchi, en fit une continuation nouvelle, en trois volumes, de 1506 à 1571[3]. Un judicieux

  1. Eccl. historia, integram eccl. Chr. ideam, quantum ad locum, propagationem, etc., complectens, congesta per aliquot studiosos et pios viros in urbe Magdeburgica. Basileæ, 1559-74, 13 t. (centur.) Lucius en a donné une nouvelle édition, en y adaptant des vues calvinistes. Bâle, 1624, 6 vol. in-fol. L’édition commencée par Baumgarten et Semler ne dépasse pas les années 1757-1765.
  2. Epitome Hist. eccl. centuriæ XVI. Tub., 1592 sq., 8 t. in-4.
  3. Baronii Annales eccl Romæ, 1588-1607, 12 t. in-f., corrigées et revues par l’auteur. Mogunt., 1601-5, 12 t. in-f. (jusqu’à 1198). L’édition de Cologne, 1609, et d’Anvers, 1610, avec les notes de Pagi, est devenue la bonne. Continuation, Abrah. Bzovii, Annal, eccl. post Baronium. Romæ, 1616, 8 t. ; ed. auct. Col., 1621 sq., 8 t. Annal. Baronii contin. p. Spondanum. Paris., 1640-41, 2 t. in-f. Ord. Raynaldi, Ann. eccl., ab a. 1198. Romæ, 1646-77, 10 t. in-f., t. XIII-XXI. Opp. Raynald. Col., 1693 sq. ; Jac. de Laderchio, Annal. eccl, t. XXII-XXIV, Romæ, 1728-37.