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Il faut, de plus, que, par rapport à son objet, l’histoire ecclésiastique soit :

1o Critique, afin, que le vrai ne se confonde point avec l’erreur[1] ; et pour cela, il faut que les faits caractéristiques de chaque période soient, avec un sincère amour de la vérité, puisés dans les sources mêmes, ou qu’on tâche d’approcher le plus possible de la vérité par les conjectures historiques, quand un fait ne peut être complètement établi.

2o Religieuse, car un esprit vraiment chrétien peut seul saisir et apprécier convenablement tout ce qui a rapport à l’ère chrétienne, à la manifestation du royaume de Dieu sur la terre ; sans cet esprit religieux, l’histoire ecclésiastique reste étrangère à son propre objet.

3o Philosophique, c’est-à-dire qu’elle doit non pas seulement nous donner une série de récits sans liaison, mais exposer les faits dans leurs rapports, dans leurs causes, dans leur influence et leurs résultats. Et nous entendons parler ici non de cet esprit philosophique superficiel, qui se contente de chercher à scruter les causes secondes, en partant d’inductions purement psychologiques ou politiques, et ne voit que l’homme dans son action, sans remonter à une cause finale plus haute[2] ; mais bien de cet esprit philosophique plus profond, qui voit agir à la fois, dans l’histoire, et l’homme et Dieu, enseignant, châtiant et dirigeant, comme un pasteur ses brebis[3] ; qui est attentif au rapport intime et vivant des choses divines et humaines, dont saint Paul parle avec tant de clarté et une si merveilleuse simplicité, quand il dit : « C’est en Dieu que nous avons l’être, le mouvement et la vie[4]. » Ainsi seulement l’historien


    nescias, utrum res oratione, an verba sententiis illustrentur. » (De orat., II, 12, 13.)

  1. Cicéron « Nam quis nescit primam esse historiæ legem, ne quid falsi dicere audeat ? deinde ne quid veri non audeat ? ne qua suspicio gratiæ sit in scribendo ? ne qua simultatis ? Hæc scilicet fundamenta nota sunt omnibus. » (De orat. II, 15.)
  2. Cicéron, ibid. : « Et cum de eventu dicatur, ut causæ expllcentur omnes, vel casus, vel sapientiæ, vel temeritatis ; hominumque ipsorum non solum res gestæ, sed etiam, qui fama ac nomine excellant, de cujusque vita atque natura. »
  3. Ecclésiastiq. XVIII, 13.
  4. Act. des Ap. XVII, 28.