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l’Église chrétienne ne peut, dans ce sens, entrer dans le domaine de l’histoire, puisqu’elle est une institution divine, absolue et immuable comme Dieu même ; mais qu’elle devient historique, temporaire et changeante, d’après sa destination et son but, qui est d’entrer en rapport avec l’homme, être essentiellement historique, soumis au temps et à l’espace ; 2°, que la conduite providentielle de l’humanité dans le temps, avant et après Jésus-Christ, ou l’histoire du monde et l’histoire du Christianisme, sont dans un rapport intime, analogue à celui de la préparation et de la consommation (στοιχεῑα τοῦ ϰοσμοῦ (stoicheia tou kosmou)), elementa munai[1], en opposition avec πλὴρωμα τοῦ Χρονοῦ (plêrôma tou Chronou)[2], et qu’ainsi on ne peut, en faisant l’histoire de l’Église chrétienne, entièrement passer sous silence la période de préparation[3]. D’après cela, l’histoire ecclésiastique, considérée objectivement, est le développement, dans le temps, du royaume de Dieu, et le progrès continu, dans les voies de la science et de la vie, de l’humanité régénérée s’unissant à Dieu par le Christ dans le Saint Esprit. Dans le sens technique, elle est la reproduction idéale ou l’exposition par le discours de ce développement vivant et réel.

L’histoire atteint d’autant mieux son but qu’elle montre d’une manière plus claire et plus convaincante l’humanité, dans son ensemble, croissant et se fortifiant, à travers les siècles, sous les mêmes conditions que l’homme individuel,

  1. Gal. IV, 3, 9 ; Col. II, 8, 20.
  2. Gal. IV, 4 ; Eph. I, 10.
  3. Épiphane dit à ce point de vue : Ἡ νῦν πίστις ἑμπολιτευομενη ἑν τῇ ἄρτι ἁγίᾳ τοῦ Θεοῦ ϰαθολιϰῆ Ἐϰϰλησίᾳ, ἀπ' ἀρχῆς οὖσα, ϰαὶ ὔστερον παλιν ἀποϰαλυφθεῖσα. Τῷ γὰρ βουλομένῳ φιλαλήθως ἰδεῖν, ἀρχὴ πάντων ἔστιν ἡ ϰαθολιϰὴ ϰαὶ ἁγία Ἐϰϰλησία. (Hæres., lib. I, n° V.) De même Augustin, de Civ. Dei, lib. XVIII, c. 51, sub finem : « Sic in hoc sæculo in his diebus malis, non solum a tempore corporalis præsentiæ Christi et Apostolorum ejus, sed ab ipso Abel, quem primum justum impius frater occidit et deinceps usque in hujus sæculi finem inter persecutiones mundi et consolationes Dei peregrinando procurrit Ecclesia. » Il ajoute (Retrac., lib. I, c. 13) : « Res ipsa quæ nunc christiana religio nuncupatur, erat et apud antiquos, nec defuit ab initio generis humani, quousque ipse Christus veniret in carne ; unde vera religio, quæ jam erat, cœpit appellari christiana. » L’abbé Rohrbacher, appuyé sur cette vérité et en suivant les pas des anciens historiens ecclésiastiques, a jeté beaucoup de jour sur les temps qui précédèrent le Christ.