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paganisme, opposé au judaïsme (p. ex. chez Carpocrate), ou bien d’une décomposition des idées chrétiennes par les idées judaïques et opposées, dans ce sens restreint, aux notions païennes (comme chez les Clémentiniens)[1].

§ 72. — Caractères et principales formes du gnosticisme.
AxxxForme judéo-hellénique de la gnose. Gnostiques égyptiens.
1.xxxcarpocrate.
Iren. I, 25. Clem. Alexand. Strom. III, 2. Euseb. Hist. ecclesiast., IV, 7. Epiph. Hær. 27. (Opp., t. I, p. 102 sq.) ; Hær. 32, c. 3 (t. I, p. 210). Theodoret. Hær. Fab. I, 5. Les Philosophumena, p. 255-56. Tillemont, t. II, p. 253 sq.

On compte ordinairement parmi les gnostiques Carpocrate, Alexandrin, qui vécut du temps de l’empereur Adrien. Il n’était cependant qu’un platonicien : à peine appartient-il aux sectes chrétiennes. Le Saint-Esprit, selon lui, s’est révélé κατ’ ἐξυχήν avant le Christ, après le Christ, tout comme en lui. La doctrine du Christ n’est que l’hellénisme bien entendu, le pythagorisme et le platonisme accommodés à un nouveau mode de révélation ; le Christianisme traditionnel et vulgaire n’est pas plus la vraie religion que tout autre système philosophique, ou toute autre religion populaire qui ne s’appuie pas sur la science : le Christ est un philosophe comme Pythagore ou Platon. La Divinité, selon le système religieux de Carpocrate ἡ μόνας, ne se manifeste pas dans le monde des sens, œuvre des esprits déchus (ἄγγελοι κοσμοποιοί). L’esprit dégagé de toute influence terrestre peut seul s’élever à la science de Dieu (γνῶσις μοναδική). Éviter tout contact avec les choses de la terre, renoncer à la religion et à la morale vulgaires, qui ne produisent qu’une simple légalité, mais qui ne justifient ni ne purifient, telles sont les conditions pour revenir à l’union divine, par l’essor de la libéré et les efforts d’une vertu vraiment morale (θεῖα δικαιοσύνη). Peu d’hommes ar-

  1. Baur, Hist. des dogmes, p. 64 sq.