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que les gnostiques ne puisaient leur défense que dans l’Écriture sainte, et la doctrine secrète que les apôtres avaient transmise à quelques élus. Quant à l’Écriture sainte elle-même, ils en rejetaient tantôt des livres entiers, tantôt des passages qui ne s’accommodaient point à leur doctrine, et y substituaient de faux évangiles, des actes des apôtres apocryphes[1]. Leur exégèse allégorique était si merveilleusement arbitraire et si dévergondée, que saint Irénée[2]) remarque qu’ils étaient capables de faire, de la description la plus brillante d’un roi de ta terre, l’image d’un chien ou d’un renard, en soutenant toujours que c’était la véritable image d’un roi.

Les sources du gnosticisme sont à la foi psychologiques, historiques et matérielles. Sous le point de vue psychologique, le gnosticisme est né de l’orgueil de l’esprit humain qui, dans la recherche de la vérité, n’a pas le courage de renoncer à lui-même, à ses vues propres, à ses idées et à ses spéculations particulières, dès qu’elles sont contraires à la révélation divine. Historiquement, les semences de la gnose se trouvent dans la philosophie religieuse de Philon, dont la parenté avec le gnosticisme n’est pas difficile à établir[3]. Quant aux éléments matériels étrangers au Christianisme et qui s’y sont mêlés, pour former la gnose, ils sont fournis par le platonisme de Philon d’Alexandrie[4], la doctrine de Zoroastre et la système de Bouddha. C’est par la connaissance de ces trois systèmes que se complète et s’explique la gnose.

Quant à sa rapide propagation, elle est probablement

  1. Tertull. de Præsc. hæret., c. 17 : « Ista hæresis non recipit quasdam Scripturas (sacras) ; et si quas recepit, non recepit integras : adjectionibus et detractionibus ad dispositionem instituti sui intervertit ; et si aliquatenus integras præstat, nihilominus diversas expositiones commentata convertit.
  2. Iren. Contra hær. I, 8, n. 1, p. 36.
  3. Staudenmaier a démontré que la doctrine des hérétiques des premiers siècles, du moyen âge et de la philosophie moderne, sur le Logos divin, n’est que le développement logique de la Contemplation de Philon, et que Strauss lui-même, dans sa Vie de Jésus, ne fait que reproduire mot à mot les paroles de Philon, L c., p. 483.
  4. Alexandrie était devenue, depuis les Ptolémées, le centre du commerce scientifique de tous les peuples civilisés.