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célèbre inscription : Nomine Christianorum deleto, qui rem publicam everiebant ; superstitione christiana ubique deleta. Par contre, la prédiction du Christ s’était accomplie : « Vous souffrirez dans le monde ; mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde[1]. »

Le siècle que nous venons de parcourir vit la tendance de l’école néoplatonicienne, indiquée plus haut, s’exprimer et se réaliser formellement, par les travaux d’Ammonius Saccas d’Alexandrie [au commencement du IIIe siècle] et de son disciple Plotin de Lycopolis, en Égypte[2], à qui nous devons la connaissance détaillée des points les plus importants de la doctrine néoplatonicienne [†270]. Ils s’efforcèrent surtout d’établir que, sous leurs symboles multiples et leurs manifestations extérieures, les religions populaires n’étaient que l’expression formelle des systèmes philosophiques. Pour démontrer cette unité intime, ils insistèrent principalement sur le sens allégorique des mythes. L’obscurité mythologique qui enveloppe la figure de Pythagore, les merveilles attribuées à Apollonius de Tyane, contemporain du Christ, leur servaient à donner à ces personnages, dans le paganisme, le rang, la dignité, la mission véritable de Jésus dans l’Église chrétienne. S’appuyant sur l’hypothèse, inattaquable d’après eux, de l’unité foncière de toutes les philosophies et de toutes les religions populaires, les néoplatoniciens entreprirent, de fonder en une unité définitive la seule vraie philosophie (le platonisme surtout), avec la seule religion véritable, non point en procédant par une méthode logique, strictement philosophique, mais en donnant à leur doctrine le caractère d’une révé-

  1. Jean XVI, 33.
  2. Plotin. Les cinquante-quatre livres de prophéties ordonnées et mystiquement disposées en six Ennéades par ses disciples : Vita Pythagoræ ; de Abstinentia ab esu carnis ; fragm. II Πἐρὶ τῆς εϰ λογἱων φιλοσοφἱας ; la Vie de Plotin par son disciple Porphyre (Opp. omnia Porphyrii, Vita Plotini, éd. Creuzer. Oxon., 1836, 3 tomes in-4). Cf. Hist. de la Philos. par Tennemann, t. VI ; par Ritter, t. IV ; Staudenmaier, Philosoph. du Christ., t. I, p. 519 sq. ; Vogt, Neoplaton. et Christian. Berlin, 1836, P. 1 ; Steinhart, De dialectica Plotini ratione. Hal. 1829 ; Idem. Meletemata Plotiniana. Hal. 1840 ; Neander, sur la position de Plotin dans l’histoire du monde (Mém. de l’Acad. de Berlin, 1845).