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dans ses bras l’enfant qu’elle venait de mettre au monde, résistant aux larmes paternelles d’un vieux païen, qui se jetait à ses pieds pour la retenir, s’avancer, ferme et sereine, vers les bêtes féroces du cirque, et mourir, inébranlable dans sa foi, au milieu des douleurs les plus atroces. Les douze martyrs scillitains, ainsi nommés de la ville de Scillite, située dans la province d’Afrique, furent aussi héroïques dans leurs douleurs et leur mort [200]. Ce fut peu de temps auparavant que Tertullien prit la parole en faveur des chrétiens, et chercha à adoucir leurs souffrances par les éloquentes inspirations de son Apologétique [198].

Les philosophes païens de ce siècle n’eurent pas une médiocre part aux dispositions des empereurs et du peuple à l’égard des chrétiens. Ils firent des tentatives désespérées pour soutenir le paganisme. Ils cherchèrent à l’adapter au caractère de l’Évangile, dont le spiritualisme répond si bien aux besoins de l’intelligence, en spiritualisant à leur tour le paganisme, en donnant un sens allégorique à ses mythes, en tirant des inductions morales des pratiques de son culte, en repoussant son anthropomorphisme, en combattant à la fois l’incrédulité et la grossière superstition des païens. Mais ce qu’ils détruisaient d’une part, ils le relevaient de l’autre : c’est ainsi que les Néoplatoniciens, en particulier, et les Néopythagoriciens fomentaient, à l’exemple d’Apollonius de Tyane (3-96 av. J.-C.), le fanatisme le plus extravagant et la superstition la plus insensée[1]. On en voit déjà les traces dans Plutarque, de Chéronée [50-120], dans le rhéteur Apulée, de Madaure en Afrique [vers 170], dans Numénius, d’Apamée en Syrie, et Maxime de Tyr. Le Portique lui-même prit une direction nouvelle avec Épictète, M. Corn. Fronton, Marc-Aurèle, Cl. Galénus[2] [v. 200].

    t. II, p. 165-197). Cf. Ruinart. Ces deux héroïnes chrétiennes n’étaient point montanistes, comme le pourrait faire penser la couleur montaniste des actes, ce qu’il faut attribuer à celui qui les a rédigés, ainsi que l’a prouvé le cardinal Orsi. Voyez Stolberg, t. VIII, p. 285 sq. Sur les martyrs Scyllitains ; cf. Ruinart et Stolberg, t. VIII, p. 206-8, et Tillemont, éd. de Venise, 1732, t. III, p. 131-155.

  1. Müller, de Hierarchia et studio vitæ ascet. in sacris et myster. Græcor. Romanorumque latentib. Havn., 1803. Schlosser, Hist. de l’Antiquité, t. III, P. III, p. 188-96.
  2. Cf. Minut. Felix, c. 31. c. 9.