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Aussi les écrits de controverse qui apparaissaient de temps en temps avaient peu d’influence sur eux[1].

Quant aux païens il fallait, pour les convertir, vaincre les opinions et les passions qui avaient dominé le vieux monde, qui étaient enracinées par les siècles et mêlées à tous les intérêts. Il fallait revêtir le vieil homme d’un être nouveau, changer, réformer, transformer complétement ses pensées, ses sentiments, ses actions. Le culte des idoles exerçait encore sur la masse la puissance magique que lui donnait la pompe de ses fêtes, son incontestable antiquité, son analogie avec l’éducation reçue, et surtout sa complaisance pour toutes les passions sensuelles. La multitude idolâtre était entretenue dans ses erreurs par les prêtres dont le Christianisme ébranlait la considération aux yeux des peuples, et par les marchands qui trouvaient dans le culte des idoles une abondante source de profits[2]. Des savants eux-mêmes, se voyant atteints dans l’objet de leur amour et de leur gloire par les attaques dirigées contre les divinités et la littérature païennes, crurent devoir entrer en lice. Qu’étaient-ce que les ennemis du paganisme, les propagateurs de l’Évangile ? des ignorants sortis des rangs des Juifs, voués dès longtemps à la haine publique, et qui, loin de flatter les passions, imposaient à leurs adhérents un combat perpétuel contre la sensualité. C’étaient des ennemis de l’État, puisqu’ils s’opposaient à un culte aussi ancien que l’État lui-même, des ennemis d’une religion née, grandie, identifiée avec la république, puisqu’ils cherchaient à répandre une religion nouvelle, rigoureusement interdite par les lois de l’empire[3].

À ces motifs naturels d’opposition s’ajoutaient les opinions les plus fausses, les calomnies les plus odieuses contre les chrétiens et leur doctrine. On les accusait d’athéisme, parce qu’ils adoraient en esprit et en vérité un Dieu es-

  1. À ces écrits appartiennent ceux de Just. Martyr. Dialog. c, Tryphone Judæo ; Tertull. adv. Judæos ; Cyprian. Testimonior. adv. Jud., lib. III.
  2. Act. apost. XIX, 25. Plin. Epist. X, 97 : « Prope jam desolata templa…, sacra solemnia diu intermissa…, rarissimus victimarum emptor. »
  3. Cic. de Legg. II, 8.