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turel de sociabilité. Et de même que l’homme terrestre ne prospère que par son union avec l’humanité entière, ainsi l’homme spirituel ne prospère que dans la société religieuse du genre humain. C’est pourquoi il s’éleva, dès l’origine, des sociétés ou communautés religieuses, institutions à la fois terrestres et divines, mondaines et surnaturelles, et conformes par là même à la nature de l’homme qui est une synthèse, formée d’un corps terrestre et d’un esprit céleste. On trouve des sociétés de ce genre jusque chez les peuples qui, par suite de la chute originelle, n’ayant plus de la Divinité qu’une connaissance pâle et fugitive, se firent des dieux multiples en place du Dieu un, et allèrent jusqu’à identifier le Créateur de l’univers avec les choses créées elles-mêmes (polythéisme et panthéisme)[1]. Mais ces sociétés n’étaient plus que de vains simulacres de la véritable Église ; elles n’avaient plus même de nom spécial, confondues qu’elles étaient, par le mélange des rapports religieux et civils, avec l’État, qui absorbait complétement l’Église. Plus positive et plus complète, quoique encore particulière dans le Mosaïsme, l’Église y est nommée קְהַל יְחלֶת (qehal ie‘hlet)[2], expression qui désigne le peuple israélite comme une société séparée, élue, consacrée à Jéhovah, et dans laquelle un jour doivent être admis tous les peuples[3]. Les Septante ont traduit les mots du premier texte par συναγωγή Κυρίου (sunagôgê Kuriou), et ceux du second par Έχχλησια Κυρίου (Ekklêsia Kuriou). Le Christianisme seul détermina et réalisa parfaitement l’idée de l’Église. Le Christ réveilla dans l’humanité la conscience primitive qu’elle avait de Dieu ; et la religion qu’il annonça, toute pénétrée de l’esprit de charité (religio per eminentiam), dut nécessairement unir les cœurs qu’elle toucha, et former ainsi une société vivante.

Ceux qui adhérèrent à la religion du Christ durent former non-seulement une société intérieure, mais encore,

    Nitzsch, Idée que les anciens avaient de la religion, dans la Revue critique des Sciences théolog., publiée par Ullmann, 3e et 4e livr., 1828. Cf. Drey, Apologétique, Mayence, 1837, t. I, p. 79-119. Staudenmaier, Encyclopédie des Sciences théolog., 2e édit. Mayence, 1840, p. 189-195.

  1. Rom. I, 23.
  2. Nombres XX, 4 ; Deuter. XXIII, 1.
  3. Genes. XXII, 18.