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Nicolas, l’un des sept diacres. L’Apocalypse en parle, ch. II, v. 6, 14, 15. On les confond avec les Biléamites[1], dont leur nom paraît une traduction. On leur reprochait de manger des viandes offertes aux idoles et d’avoir des principes moraux très-relâchés et très-dissolus. Clément d’Alexandrie parle aussi d’une secte[2] se prétendant originaire du diacre Nicolas, qui, blâmé par les apôtres de la jalousie que lui donnait la beauté de sa femme, l’avait amenée devant eux et s’en était séparé. Interprétant faussement la parole du diacre qui avait dit : « Il faut mésuser de la chair (παραχρῆσθαι τῃ σαρϰί (parachêsthai tê sarki), brider), » ils en avaient tiré des conséquences immorales auxquelles Clément attribue l’origine et les progrès de cette secte. Il est très-probable que les hommes indifférents et sensuels, repris par les apôtres[3] dans le Nouveau Testament, sont les Nicolaïtes ; c’est surtout après le départ et la mort de saint Paul que cette doctrine d’indifférence sensuelle se répandit en Asie Mineure ; elle obligea l’apôtre Jean à se rendre à Éphèse [environ vers l’an 67] pour s’opposer vigoureusement à sa propagation.

§ 60. – L’apôtre saint Jean ; sa lutte contre les hérétiques.
Tillemont, t. I. Saint Jean, apôtre et évangél., art, 1-12 ; notes 1-19. Hug. Introd. au Nouv. Test., t. II. Lucke, Comm. sur les écrits de l’Évangile saint Jean, Bonn, 1833. Maier, Comm. sur l’Évang. de saint Jean. Frib., 1843-45, 2 vol.

Le disciple bien-aimé, qui avait reposé sur le sein du Sauveur, avait été témoin de la dernière catastrophe de Jérusalem et de tous les événements rapportés jusqu’ici ; il avait partagé les joies de l’Église et ses douleurs. Les Actes, après avoir raconté la part qu’il prit aux travaux des apôtres dans Jérusalem, ses environs et la Samarie, ne parlent plus de lui. Selon toutes les traditions, il quitta fort tard Jérusalem, et vint à Éphèse continuer l’œuvre commencée par

  1. כִּלַץ עַם (kilats ‘am), Νιϰᾷν τὸν λαόν (Nikan ton laon), s’élever au-dessus du peuple dans la science de la religion.
  2. Clem. Alexand. I. c. Euseb. Hist. ecclesiast. III, 29 ; Coteler. Const. apostol. VI, 6 ; plus tard, Cassian. Coll. 25, 16 ; Epiphan. Hær. XXV, t. I, p. 76 sq. ; Philast. c. 33 ; August. de Hæres. c. 5 (éd. Bened. t. VIII).
  3. Petr. II, 15 ; Jud., 2, 4, 19, ii.