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ques[1] ; par le chant des psaumes[2], peut-être même d’hymnes chrétiennes déjà composées alors[3]. On y faisait aussi des instructions sur le texte lu, et ce n’étaient pas seulement les évêques et les prêtres qui parlaient, car, par le fait, plusieurs d’entre eux étaient incapables d’enseigner (διδαϰτιϰοι[4]) ; mais c’étaient aussi de simples fidèles, inspirés par l’Esprit saint et autorisés par le consentement des supérieurs. Alors se manifestaient les dons divers du Saint-Esprit, les dons de sagesse, de science, de prophétie, de discernement des esprits, des langues (γλώσσαις λαλεῖν)[5] et de l’interprétation des langues[6], voir même le don des miracles, qui n’était pas propre aux seuls apôtres. Mais c’était surtout à obtenir le don de charité que devaient tendre les efforts des chrétiens[7]. Le point capital de ces réunions journalières, ce qui en faisait le fond et la vie, était la solennité de la Cène et de la fraction du pain[8], en mémoire de la mort de Jésus-Christ : elle se célébrait d’abord comme elle l’avait été par le Christ à la dernière Cène ; on y joignait une agape, un repas de charité (ὰγάπη)[9].Mal-

  1. Col. IV, 16 ; Thess. V, 27.
  2. Act. II, 47 ; Col. III, 16 ; Eph. V, 19 ; Tim. III, 16.
  3. Pline lui-même en parle d’une manière étonnante, Epp. lib. X, ep. 97 : « Carmenque Christo, quasi Deo, dicere secum invicem : seque sacramento non in scelus aliquod obstringere, sed ne furta, ne latrocinia, ne adulteria committerent, ne fidem fallerent, ne depositum appellati abnegarent, etc. »
  4. Cf. 1 Tim. V, 17.
  5. Malgré les efforts qu’on a faits, dans ces derniers temps, pour expliquer ce don des langues dans un sens différent des anciens, qui comprenaient par là « parler des langues étrangères » (Bleck, sur γλώσσαισ λαλεῖν dans Etud. et Crit. 1839, I ; Billroth, Comment. sur les Epîtr. aux Corinth., p. 166. Leipsig, 1833 ; Néander, « la Langue nouvelle de l’inspiration chrétienne, » dans son Hist. de l’Etabl., etc., t. I, p. 10 ; Olshauzen, Comment. sur les Epîtr. aux Corinth, p. 657), nous ne pouvons nous départir de l’opinion ancienne qui repose sur les explications positives de saint Paul, et sur les circonstances qui accompagnèrent l’établissement des premières Églises chrétiennes. Voyez Chrysost, Hom. 29 et 34 sur 1 Cor., et surtout Dieringer, loc. cit., t. II, p. 394-422. Englmann, Des dons du Saint-Esprit en général, et du don des langues en particulier. Ratisb. 1848.
  6. 1 Cor. c. XII.
  7. 1 Cor. XIII.
  8. Act. II, 42-46 ; XX, 7.
  9. 1 Cor. XI, 20 ; Act. VI, 2.